2022, l’année où l’Europe est sortie du déni de réalité dans lequel elle s’était enfermée

L’année 2022 a vu une flambée des prix de l’énergie. Mais comment échapper au crash énergétique en 2023 et éviter les risques de pénurie ?

Les prix de l’énergie augmentent depuis déjà plusieurs années, mais on a refusé de le voir . En 2022 le conflit entre la Russie et l’Ukraine et les sanctions décidées à l’encontre de la Russie ont accéléré la montée des prix puisqu’une bonne partie de l’Europe s’alimentait à partir de la Russie, pour le gaz, le pétrole, les produits pétroliers …et le charbon ! Ceci a , par ailleurs , révélé, ce que tous les professionnels savaient, que  les énergies éoliennes et solaires prônées par nos voisins allemands et la Commission Européenne comme « LES » solutions d’avenir étaient , en fait, doublées pour 70% de la production par des centrales à gaz (Russe !) et …de charbon . La rareté et l’anticipation de pénuries a conduit à une flambée des prix qui n’a épargné aucune source d’énergie alors que le marché du pétrole et de ses produits raffinés est mondial , car la volonté affichée par la plupart des pays de « décarboner » la planète a conduit à un affaiblissement des investissements dans les énergies fossiles alors qu’elles représentent plus de 80% des consommations mondiales . Nous avons connu un grand écart entre une politique affichée anti-fossile et une réalité : les fossiles continuent à dominer la production de l’énergie mondiale. On a affiché aussi que les énergies éoliennes et solaires allaient les remplacer, c’est faux, on a voulu ici ou là éradiquer aussi l’énergie d’origine nucléaire, c’était une erreur puisque dans le même temps on a décidé d’orienter les transports individuels sur l’énergie électrique et le chauffage sur les pompes à chaleur, il fallait donc produire plus d’électricité et on s’est acharné depuis vingt ans à faire l’inverse, c’est-à-dire à effacer ce qui était la source la plus efficace et la moins chère . Nous connaissons donc aujourd’hui les conséquences de notre politique de gribouille au niveau de l’Europe et à celui de la France, des prix élevés et des risques de pénurie , ce qui va ensemble puisque nous avons abandonné le seul objectif qui maintient la prospérité d’un pays, une énergie abondante, bon marché et souveraine : on prêche la sobriété, le quoi qu’il en coute et l’achat des matériels nécessaires à l’étranger ( éolien, solaire, équipements électriques …)

Pour éviter le crash en 2023, nos voisins allemands mettent 200 milliards d’euros sur la table pour subventionner leurs entreprises avec un prix de l’énergie acceptable pour assurer leur compétitivité. Si nos moyens ne nous le permettent pas, une grand partie de notre industrie va disparaitre de notre sol, c’est-à-dire que c’est la fermeture  pure et simple ou le déménagement ! Comme nous avons , avec nos centrales nucléaires, un cout de l’électricité très bas qui a fait notre prospérité depuis des dizaines d’années, il nous faut revenir d’urgence à des prix correspondant à ces bas couts , avec une sortie dès le 1er Janvier du marché de l’électricité européen et des mesures d’urgence pour remettre en production toutes les centrales nucléaires françaises, y compris Flamanville 3 (EPR) et Fessenheim . Pour cela il faut s’interroger sur les raisons des arrêts et les travaux à effectuer.

Pourquoi a-t-on arrêté autant de centrales et pourquoi c’est si long et si cher de les remettre en route ? C’est la même question que celle concernant les nouvelles centrales nucléaires, pourquoi les Chinois construisent nos EPR en 5 ans et pourquoi nous annonçons 15 ans ? La réponse est claire, parce que nos normes et règlements et nos contrôleurs sont plus méticuleux que leurs homologues internationaux ! Ceci est-il justifié ? C’est à un collège international d’en décider , soit nous avons raison et ils doivent reprendre nos standards, soit nous avons tort et nous devons adopter les leurs ! Nous connaissons la même situation dans la chimie et les plastiques, nos règlements sont toujours plus sévères que ceux des autres et nos contrôleurs, d’ailleurs appelés « gendarmes » dans notre pays ,sont zélés au point de pouvoir apparaitre comme anti-industrie , comme ceux du nucléaire, « anti-nucléaire » . Les attendus actuels sur les soudures sont délirants pour beaucoup et les précautions prises sur certains éléments apparaissent disproportionnées . Comme si la précaution ultime était l’abandon de la production !

Et c’est ainsi qu’il faut revenir, non pas à la précaution tous azimuts, c’est-à-dire à la gestion des peurs, mais à la gestion des risques, à la mesure des risques, à leur appréciation et à un équilibre entre des délais et des couts d’une part et à l’extinction de la prospérité et aux périls de la pénurie et des pannes d’autre part. Le système français est déséquilibré dans le domaine énergétique comme pour toute l’industrie et nous mène au désastre si nous refusons d’en prendre conscience et de nous réformer en revenant aux normes internationales ou en exigeant leur modification : nous devons être sur un pied d’égalité avec nos concurrents, c’est aussi cela notre aspiration à l’universel , notre responsabilité planétaire . Nous ne pouvons pas considérer avoir raison contre tous les autres et protéger l’humanité en surprotégeant notre pays jusqu’à le faire disparaitre des radars de la production . A quoi nous sert-il de contrôler nos agriculteurs au point de les ruiner et de les pousser au suicide si, dans le même temps nous devons nourrir notre population en important des productions qui n’obéissent pas aux règles que nous avons édictées ? A quoi sert-il d’arrêter nos centrales nucléaires si nous devons importer de l’électricité de centrales à charbon de nos voisins ? A quoi sert-il d’accélérer notre programme d’installations de centrales éoliennes en mer alors qu’elles sont inutiles sans centrales à gaz et qu’elles ne seront pas opérationnelles avant deux ou trois ans ?

Notre priorité est bien pour 2023 et les années suivantes d’ouvrir le maximum de centrales électriques existantes en appréciant selon des critères internationaux et des experts internationaux les risques réels et non fantasmés . Nous avons les instruments de mesure, certes, mais nous disposons aussi de jumeaux numériques aptes à nous aider en ce sens .

– Comment réduire l’impact des coûts élevés de l’énergie en 2023 ?

Ce ne sont pas les couts qui sont élevés, ce sont les prix , notre énergie électrique peut redevenir abondante et bon marché  si on prend les bonnes décisions aujourd’hui . Si on accepte que le gaz va rester une énergie indispensable sur une ou deux dizaines d’années, on peut faire baisser les prix en acceptant en Europe d’aller chercher le gaz non conventionnel dit de schiste, comme on avait fait baisser les prix du pétrole de l’OPEP en 1973 en accélérant la production pétrolière en Mer du Nord ! Ouvrir ou dégoulotter des raffineries dans les pays pétroliers est une autre façon de faire baisser les prix des produits raffinés indispensables à notre vie quotidienne … Mais surtout il faut sortir dès demain du marché de l’électricité , marché artificiel qui ne nourrit que des parasites et qui va nous faire mourir. Nos couts sont issus d’une mauvaise appréciation de la protection réelle à assurer à notre population , nos prix sont liés à deux idéologies mortifères , celle de la concurrence artificielle jusqu’à créer un marché irréel et celle de la capacité des énergies intermittentes à nous apporter la prospérité universelle !

9 commentaires sur “2022, l’année où l’Europe est sortie du déni de réalité dans lequel elle s’était enfermée

  1. Une vision excellente des politiques gribouilles et incohérentes de l’Europe et de la France.
    Ma seule nuance concerne les
    Normes de sécurité des centrales et de toutes les installations industrielles : sans exagération nous devons nous assurer d’un maximum et conditionner nos importations à ces normes. La cinquième ou sixième puissaymôdiale en a les moyens et doit montrer l’exemple

      1. Rien de nouveau dans ce qui a été dit. De la justesse, des mots pour des maux. La vraie question à mon sens, serait que la France s’affirme comme puissance indépendante plutôt qu’une sous puissance sous traitante, jusqu’à ses organes d’Etat, d’une puissance éphémère colonisée par les USA. Je viens de lire un excellent article sur la tribune. Les câbles sous marins sont désormais propriétés des GAFAM. Orange et consorts ne sont plus que des sous traitants

  2. Vous avez raison. N’y a-t-il pas des ecologistes à manoeuvre des réparations ? Nous attendons toujours de sortir de ce marché qui plombe l’économie française..

  3. Je vous remercie pour cet excellent article. Il ouvre les yeux sur nos enjeux industriels.

    En revanche, je suis moins familier avec le marché de l’électricité que vous dénoncez ici. Je serai intéressé de mieux comprendre votre position lors d’un prochain poste de blog.

    Bien à vous

  4. Pour sortir du marché européen de l’électricité, il faudra nous fâcher grave avec l’Allemagne qui contrôle directement et indirectement notre industrie non stratégique, en avons nous les moyens?… et de façon anecdotique, bonne année à tous, en attendant les surprises d’un monde qui change!

  5. Une belle présentation !
    Mais même si les normes internationales sont moins contraignantes, il faut se poser une question centrale. Pourquoi des incompétents et des idéologues sont à la tête d’agences de l’état et jamais soumis à l’approbation de leur pairs ni de ceux qu’ils vont contraindre. Il faut aussi arrêter de faire une chose et sont contraire et de distribuer à perte des subventions pour les énergies intermittentes. Les politiques sont dogmatiques et peu scientifiques, il écoutent plus les beaux parleurs médiatiques qu’ils essaient de comprendre en écoutant les spécialistes. Ils décident, nomment et ne sons jamais redevable de leurs erreurs.
    Industrie lourde, Chimie, Énergie, Agro-alimentaire partout agences, comités sévissent en sur-interprétant les normes et en étant intransigeant avec les plus faibles quitte à les faire fermer ou rendre leur activités moins rentable du jour au lendemain.
    Les normes oui, mais applicables de manière raisonnée et dans des délais raisonnables.
    Il faut aussi avoir une démarche scientifique pour expliquer le bien fondé de ces contraintes et se remettre en cause régulièrement.

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