Attractivité industrielle de la France : derrière les cocoricos, un aveu de faiblesse inconscient ?

Aux chiffres ronflants des hommes d’affaires prêts à mettre des milliards sur la table pour bâtir des temples industriels dans le pays, les solutions pour sortir notre pays de l’ornière industrielle des vingt dernières années  paraissent dérisoires et , à certains égards , inaudibles, tant la communication est brillante et insistante . Simplement ce sont les pays en voie de développement qui affichent leur « attractivité » , les autres se contentent d’être , ou non , « attirés » par les conditions qui sont faites, c’est-à-dire la rentabilité de leurs investissements.  En caricaturant , il ne devrait pas être un orgueil pour nous de plaire à Elon Musk, mais d’avoir chez nous un Elon Musk qui va choisir l’endroit dans le monde où il va s’installer comme le François Michelin d’hier . Le remède pour relever le défi de la réindustrialisation de la France ne peut pas venir de « Choose France « , c’est même tout le contraire , il consiste à posséder en notre sein ceux qui peuvent choisir certains pays pour compléter leurs implantations.

Comprendre l’industrie et son fonctionnement apparaît comme une nécessité première pour celui qui veut redresser le pays et l’insistance à marteler cet impératif ne doit pas faire oublier tous les autres ressorts qui vont nous faire retrouver la prospérité.

Tout d’abord nous avons encore la possibilité de financer des investissements, certains le font très bien et nous les connaissons, mais il existe un grand nombre d’initiatives qui sont plombées par l’absence de fonds propres chez nos industriels. Nous savons que l’assurance-vie est un réservoir de liquidités « protégé » dont l’impact sur l’économie active de la France est quasi nul . Cette construction est encore un tabou, comme la retraite par capitalisation . Jacques Rueff et le Général de Gaulle ne sont plus ni lus ni médités, dommage ! Notre pays a encore l’argent disponible pour sa réindustrialisation, profitons en , et arrêtons de vouloir lever de l’impôt ou de faire appel aux fonds de pension internationaux ou aux milliardaires exotiques .

Pour ce qui reste de notre potentiel industriel qui a fondu de moitié en une vingtaine d’années, il doit être à la fois protégé et modernisé. Pour cela il faut revoir la bureaucratie , les normes et règlements et contraintes diverses qui l’envoient dans le mur à une vitesse vertigineuse. Loin de réindustrialiser aujourd’hui nous sommes en train de tuer ce qui nous reste de PMI et ETI qui représentent 85% du potentiel du pays en concentrant notre regard sur quelques entreprises du CAC 40 prospères qui ont la possibilité de rentabiliser au mieux leurs implantations internationales lorsque l’hexagone leur produit une politique désastreuse puis de tendre la main pour obtenir des effets d’aubaine. L’industrie française est morte de l’absence de beaucoup d’outils nationaux de modernisation, automatismes, robotiques, drones etc… des machines qui font , on l’a vu avec le plan dit de relance où 80 % du matériel investi a été acheté à l’étranger, le plus souvent en Asie : Nous avons permis que les manufactures s’installent ailleurs , notre devoir est de considérer filière par filière, territoire par territoire,   comment ceci peut être redressé. Nous disposons de tous les personnels compétents et de toutes les analyses nécessaires .

Mais les décideurs politiques et les commentateurs qui les louent doivent aussi comprendre que la situation critique dans laquelle nous nous trouvons tient en grande partie à leur ignorance de la façon dont nous pouvons nous en sortir , et qu’ils ne pourront pas avoir accès à la connaissance parce qu’ils n’ont jamais eu la responsabilité de l’action industrielle, il va donc falloir , non pas reproduire la planification soviétique où le pouvoir politique sait , définit et finance , mais la planification des moments difficiles, celle où on met autour de la table les responsables des filières et où ils définissent eux-mêmes les risques individuels et collectifs qu’ils sont prêts à prendre . Les orientations ainsi prises par les professionnels conduiront à des investissements de leur part qui pourront alors être abondés par de l’argent budgétaire si besoin est . Aucun chef d’Etat et aucun haut fonctionnaire n’ont jamais innové , ce sont les gens de terrain qui peuvent le faire et c’est tout l’art de certains grands hommes d’avoir su , en temps utile, les encourager et leur ouvrir des portes qu’il leur était difficile de franchir . C’est ainsi que la France s’est reconstruite industriellement après la dernière guerre , il faut l’admettre et le faire comprendre . Ce sont les hommes du nucléaire qui ont permis à notre pays d’avoir une énergie électrique abondante et bon marché pendant cinquante ans !

On pourra ensuite faire dix, vingt , trente, quarante propositions pour réindustrialiser le pays, choisir entre les items pour montrer que l’on fait le nécessaire, réunir des forums, des congrès, et aller inaugurer des usines en déposant des « premières pierres », faire des visites « Potemkine » avec casques et lunettes, et des conférences magnifiques dans des endroits somptueux . Il est possible que la population ait besoin de cette illusion pour comprendre la direction indispensable à notre survie collective , et cette théâtralisation peut avoir ses bons côtés . Mais l’essentiel c’est la réalité du redressement, du sursaut industriel qui sera le renouveau de confiance des industriels eux-mêmes, ceux qui travaillent et souffrent aujourd’hui du prix de l’énergie, du relèvement des taux, des ambiguïtés des textes réglementaires sur l’environnement , sur le travail , des injonctions contradictoires , des contrôles intempestifs des « gendarmes » de tel ou tel service. Le potentiel est là, ingénieurs, techniciens, scientifiques, ouvriers et personnel des services, tous croient en notre pays et la présentation abusive de « Choose France » comme « la «  solution nationale les désespère. Le sursaut c’est ce qu’ils demandent et donc de l’écoute et de la bienveillance d’abord pour eux et pour leur personnel qu’ils pourront payer correctement lorsque les conditions du redressement de leur compétitivité sera opéré avec une conception rénovée de l’action de l’Etat à leur égard.

2 commentaires sur “Attractivité industrielle de la France : derrière les cocoricos, un aveu de faiblesse inconscient ?

  1. Sacred premiere ETI Caoutchouc industriel en France après 40 années de travail acharné, 4 usines en France mais 4 créations industrielles en Chine, Mexique, Maroc , Roumanie dans un esprit de multilocalisations proches des marchés à adresser, centré de RD en France mais délocalisations progressives de nos DO français Stellantis Renault Schneider et allemands Bosch Krupp Mann Hummel etc…
    Avec un cœur affaibli comment vivifier les implantations hors France, porteuses de valeur france 🇫🇷.
    Start up, CAC 40 ne suffiront pas à ré industrialiser notre pays dans de telles conditions de concurrence exacerbée au mépris de l’environnement et de la plus élémentaire solidarité industrielle bien calculée.

  2. Cher Monsieur
    Je partage l’entreprise ne vient que d’hommes et
    De projets , les moyens , les conditions viennent
    Après –
    Il faut effectivement que notre pays change non
    Pas sa vision volontariste d’être attractif .. mais
    Transforme ses services qui bloquent les entrepreneurs – J’ai créer avec mon association de dev Eco un fonds croissance pour aider ce qui marche …! Nos résultats sont très bon.. venez nous voir … on est à 1h15 de Paris … le 02 !!

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