Les nouveaux « petits métiers parisiens » créés par la voiture électrique

Au début du siècle dernier, la communication se faisait par l’envoi de cartes postales que les collectionneurs s’arrachent aujourd’hui. Une merveilleuse édition portait sur les « petits métiers parisiens » de la matelassière au rémouleur et c’est un vrai plaisir de retrouver ces photos d’un univers d’un autre âge. On imagine toujours que le monde moderne tourne le dos à ce folklore, mais la voiture électrique a permis, heureusement, de le retrouver.

Place des Victoires, un jour comme un autre, un petit véhicule utilitaire s’installe auprès d’un véhicule électrique prestigieux que surveille un cadre comme il en existe des milliers. Le jeune conducteur ouvre la porte coulissante qui laisse apparaitre un petit générateur électrique (qui fonctionne à l’essence ou au gazole gazole) et le met en route. Le soulagement se lit sur le visage du propriétaire du véhicule arrêté et l’on branche le fil de la camionnette. La discrétion est assurée, le bruit caché par celui de la circulation, mais, n’empêche, pour les écolos parisiens qui veulent éradiquer le véhicule à moteur thermique et mettre en place le plus tôt possible la Zone à Faible Emission (ou ZFE), cela la fout mal. Nos enfants nous diraient « ce n’est pas bon pour la planète » ! Une approche du responsable de ces méfaits nous en apprend un peu plus, « c’est un nouveau métier pour Paris », il n’y a pas assez de bornes, compte tenu du temps de recharge il n’y en aura jamais assez, et le remorquage de ces lourds véhicules (plus de 2,5 tonnes ) coûte cher… heureusement que nous sommes là pour sillonner la ville. On met des vélos partout, des trottinettes, et des voitures électriques, et cela se termine, comme dans les pays à pénurie électrique, par des générateurs d’électricité à produits pétroliers, comme à Kinshasa, à Brazzaville, et la plupart des capitales africaines. Mais à Paris, comme bientôt pour l’ensemble de nos grandes villes, nous n’avons pas d’excuses, c’est le résultat d’une politique aveugle, dogmatique et imprévoyante, c’est le comble de la stupidité et de l’ignorance, du manque de bon sens. On a un objectif, purifier l’air Parisien, on croit connaitre la solution, on l’impose et le résultat est tout le contraire …avec cependant la consolation :offrir un nouveau petit métier parisien aux débrouillards.

Derrière cet épisode dérisoire se cache un drame pour notre pays, drame industriel sur lequel il faut revenir mais drame démocratique aussi et c’est peut-être encore plus grave.

La volonté de limiter les pollutions urbaines et par ailleurs de décarboner l’économie se comprend, on a du mal à en conclure que les mesures prises sont de nature à y arriver. La décision d’interdire en Europe la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035 et donc le déménagement accéléré de toutes les installations industrielles à la périphérie de nos territoires est une illusion en termes d’efficacité et une catastrophe collective industrielle. Ce sont des friches industrielles nouvelles qui vont ainsi se développer, et une importation massive de véhicules électriques qui va suivre. On pourra observer avec attention la pollution induite  dans les métropoles et dans les sites  de production des composants des véhicules, puis des véhicules eux-mêmes. Quant à la décarbonation, on sait dès aujourd’hui qu’elle n’aura pas lieu, le bilan carbone étant plus que médiocre dans les mines – origine d’une grande partie des constituants -. Il est clair que les objectifs à se fixer n’avaient aucune raison de l’être sur une technique, mais sur les conséquences de l’utilisation des techniques alternatives, il fallait diminuer les pollutions (globalement ou « in situ ? ) et décarboner (globalement) …aux industriels de se débrouiller. Choisir les moyens c’est le rôle des industriels avec l’aide des techniciens et des scientifiques. Ce n’est pas celui des élus et des lobbies. On a présenté à la population les choix comme la victoire contre le « lobby automobile », mais on a fait bien pire on a bâti de nouveaux lobbies qui se présentent comme les garants de la vertu et de la « verdeur ». Nous sommes désormais en pleine catastrophe industrielle et à l’aube de la création d’une multitude de nouveaux petits métiers opportunistes polluants et carbonés !

Mais ce qui est encore plus intéressant, c’est ce que cette orientation à la fois française et européenne nous en dit plus sur ce qu’est devenue la démocratie occidentale européenne. Car cette décision, prise à la majorité simple des pays de l’Union européenne, et qui vient d’être pour partie rejetée en dernière minute par les Allemands est celle d’un Continent anesthésié et profondément malade. Comment des peuples aussi cultivés que les nôtres, ayant vécu à travers nos ancêtres l’élaboration des sciences et techniques, les transformations, les progrès , la destruction créatrice chère à Schumpeter, ont-ils pu se rallier à la disparition d’une industrie de pointe parfaitement maitrisée par nos professionnels au profit d’une autre prônée par la Chine à laquelle on avait donné, au préalable, la quasi-intégralité de nos résultats techniques et industriels ! Fixer des objectifs, cela a du sens, mais imposer des solutions alors que l’évolution des sciences et des techniques est en accélération constante, c’est vouloir figer une société, la faire régresser, tourner le dos délibérément à ce qui en a fait la prospérité, la liberté d’entreprendre et de créer. Le peuple peut exprimer son exigence de limiter les gaspillages, les pollutions, l’empreinte carbone, mais ses représentants ne sont pas habilités, compétents, légitimes à dire comment il va falloir faire. A la limite ils peuvent vouloir éradiquer tel ou tel composant , comme on l’a fait pour l’amiante, mais imposer la solution de l’instant alors que l’innovation vient de tous cotés c’est complètement stupide ! Et la question subsiste donc, comment nos peuples si éduqués ont pu se faire piéger par une bande d’abrutis au point de fragiliser des pans entiers de notre prospérité ?

Car nous avons tout accepté, d’abord l’éradication des moteurs thermiques, la fermeture de dizaines d’usines, la disparition de centaines de sous-traitants dans des zones aujourd’hui dévastées et puis le vote de zones à faible émission pour favoriser des véhicules électriques aux couts prohibitifs et aux recharges aléatoires. Nous avons acté une politique de décroissance et de pénurie sans que ce débat ait jamais vu le jour dans la population ou dans les différents Parlements nationaux !

Le verdict des évènements actuels est clair, les Gouvernements et leurs Parlements sont légitimes à proposer aux populations des objectifs généraux, ils sont incapables de réaliser des choix techniques car cela voudrait dire qu’il n’y a plus d’évolution scientifique, technique et industrielle. Ils peuvent dire « il faut recycler », il faut « lutter contre les gaspillages », mais la manière dont seront atteints ces obligations ne doivent pas  être entre leurs mains, ils ne peuvent pas décider de l’avenir des sciences et techniques, on ne peut pas avoir tous les talents !

4 commentaires sur “Les nouveaux « petits métiers parisiens » créés par la voiture électrique

  1. Analyse très pertinente de la situation.
    Je me demande comment tant de gens peuvent se joindre à la meute des écologistes et des destructeurs de notre civilisation.
    Loïc il faut regrouper les gens de bon sens pour sauver l’avenir.
    Bravo!

    1. Et dans 10 ans une commission parlementaire analysera les conséquences de décisions catastrophiques en matière de mobilités …comme elle vient de le faire sur le nucléaire !

  2. On pourrait améliorer le système en mettant un générateur à pédales dans la dite camionnette, mais ce serait au propriétaire du véhicule de pédaler, faut être écolo jusqu’au bout

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