Les solutions que les écologistes de salon ne veulent surtout pas voir

La propension des militants écologistes à définir des solutions « vertes » c’est-à-dire « vertueuses » et à exclure toutes les autres façons de parvenir à atteindre les objectifs environnementaux et climatiques est catastrophique. Cela conduit à rejeter des solutions prometteuses permettant une plus grande efficacité et une meilleure acceptation sociale et financière de la transition énergétique. Au lieu de demander à l’industrie d’atteindre des objectifs, on lui a dicté les solutions à utiliser.

La protection de la nature et de l’environnement a commencé à devenir une préoccupation importante dans les années 1960. Nous avons donc aujourd’hui une soixantaine d’années de recul sur ce qui a été fait ou pas et sur la façon de procéder pour être réellement efficace.

Elle a guidé alors beaucoup de recherches scientifiques et techniques et permis d’avancer vers des solutions moins polluantes, plus sûres, protectrices de la santé des humains et du vivant… Dans la plupart des pays, des responsables ont été désignés qui avaient à rendre compte à la nation des progrès envisagés, de l’état des réalisations et des lois et décrets permettant de modifier significativement la prise en compte réelle de la protection de la nature.

Le bien et le mal

La résistance de certaines professions mais surtout de beaucoup d’habitudes a produit un militantisme, au départ très orienté contre l’utilisation civile de l’énergie nucléaire, mais qui a fini par s’intéresser à l’ensemble des activités humaines. Cette naissance « émotive » de l’écologie politique explique, sans doute, pour partie, ses difficultés à tenir compte à la fois des données scientifiques et des possibilités offertes par les avancées des sciences et des techniques, et c’est ainsi que nous assistons, en particulier avec les résultats des travaux des climatologues, à un divorce de plus en plus profond entre le réel, les résultats de la science et les préconisations des écologistes politiques.

L’élément le plus perturbateur qui a des résultats catastrophiques sur l’Europe est celui de l’origine antinucléaire du mouvement dit « vert ». C’est la peur du « risque nucléaire » qui est combattue par le mouvement politique écologiste, en voulant ignorer des aspects positifs de cette source d’énergie : l’absence d’émissions de CO2, le rendement énergétique et la faible emprise au sol. Le combat contre l’existence des déchets a même conduit le mouvement à faire arrêter les programmes d’utilisation des résidus des centrales existantes pour produire encore de l’énergie, (programmes Super Phénix arrêté en 1997 et Astrid stoppé en 2019… par Emmanuel Macron). Le mouvement  écologiste est donc resté, pour partie, figé dans son émotion d’origine, sans vouloir accepter les avancées scientifiques et les nouvelles exigences « climatiques » qui portent sur les gaz à effet de serre et non sur les « polluants » seulement puisque le CO2 n’est pas un polluant !

Au lieu de demander à l’industrie d’atteindre des objectifs, on lui a dicté les solutions à utiliser

Cette propension à définir des solutions « vertes » c’est-à-dire « vertueuses » et à s’y tenir en excluant toutes les autres façons de parvenir aux objectifs écologiques, environnementaux ou climatiques a été catastrophique durant ces trente dernières années, cela a conduit les États dans des politiques rigides et ont éloigné des solutions prometteuses permettant une acceptation sociale et financière plus consensuelle.

Ainsi, l’empressement à condamner les moteurs thermiques, à généraliser les éoliennes, à marginaliser la géothermie, à ignorer les travaux de captation du CO2, à édicter des normes et règlements inflexibles ont fini par déséquilibrer plusieurs secteurs de production et la vie sociale au point que les deux crises successives du Covid et de la guerre en Ukraine viennent illustrer de manière dramatique la non-pertinence des choix effectués. Plutôt que de demander aux sciences et techniques, à l’industrie, de satisfaire des objectifs, on leur a dicté les solutions à retenir et les façons de s’en servir. C’était à la fois la négation de la démarche scientifique et du fonctionnement de l’industrie. La fragilité de notre industrie face au Covid est une des conséquences des normes restrictives adoptées, et la dépendance d’une partie de l’Europe aux fossiles russes vient de l’acceptation d’une énergie intermittente (éolienne) rendant nécessaire une abondance de gaz qui a été recherchée au plus près géographiquement (gazoducs avec la Russie).

En fixant des objectifs, et non en imposant des techniques, une autre politique était et est possible. D’abord en ce qui concerne le gaz, l’Europe dispose de réserves abondantes de gaz de schiste, leur recherche et leur exploitation ont été bannies, tandis que l’une des solutions actuelles à la dépendance russe est d’importer du gaz naturel américain… de schiste ! Si l’exploitation américaine était jugée trop « sale », plutôt que de tout interdire, il suffisait de faire confiance à la science et de fixer aux entreprises les conditions acceptables par la société pour la recherche et l’exploitation. Premier mauvais choix montrant la méconnaissance du développement scientifique, technique et industriel.

Une voiture à moteur thermique consommant un ou deux litres a une meilleure empreinte carbone qu’un véhicule électrique

Ensuite si la voiture électrique est clairement moins polluante dans les villes que les véhicules thermiques actuels, son bilan carbone global n’est pas merveilleux et donc, pour la ruralité qui pèse encore pour plus de la moitié de l’Europe, le maintien de véhicules thermiques s’impose d’autant que des progrès sont encore possibles puisque l’on avait envisagé des consommations à un ou deux litres aux 100 km et un contrôle des pollutions bien meilleur. Rien ne dit donc, même pour les villes, que le moteur thermique ait dit son dernier mot, les Allemands commencent à s’en apercevoir, et les captations de CO2 à la sortie du moteur avec transformation en carbone dans le véhicule avec rejet d’oxygène est à l’étude partout en Europe.

On a donc été trop vite à vouloir généraliser le seul véhicule électrique, il valait mieux orchestrer une cohabitation en poussant aussi des solutions de flottes à hydrogène (soit moteurs thermiques, soit piles à combustible). Les politiciens ont voulu figer trop vite LA solution technique et, en plus, on a massacré une filière industrielle d’excellence au profit des asiatiques et de la Chine en particulier. Pour l’instant, la valeur ajoutée a été délocalisée en Chine (batteries et moteurs), le véhicule est trop cher, son autonomie insuffisante par manque de bornes électriques et on se trouve aux bords de l’explosion sociale.

La géothermie et la capture du CO2, rejetées sans raisons

On a encouragé l’éolien et le solaire, avec des composants essentiellement chinois et donc une industrie seulement légèrement européenne (Allemagne, Danemark), une intermittence coûteuse, un bilan environnemental douteux compte tenu des emprises au sol ou en mer et des atteintes à la faune et la flore. Mais on a marginalisé une autre énergie renouvelable, la géothermie, qui connaît pourtant des succès dans beaucoup de régions avec une utilisation de matériels européens et de compétences humaines existantes. Pourquoi ? Ce n’est pas à la mode dans l’écologie politique qui est très impliquée à tous égards dans l’éolien. D’un point de vue écologique, économique, social, il n’y a pourtant aucun doute sur l’impact positif de la géothermie ; de plus, les ressources du rift africain sont colossales et c’est un produit d’exportation européenne qui viendrait soutenir le développement économique du continent.

Enfin, la captation du CO2 est une solution évidente en attendant une réduction importante de l’utilisation des énergies fossiles qui représentent encore 80 % des consommations mondiales. Les travaux sur l’enfouissement dans des réservoirs souterrains sont opérationnels et derrière une industrie de l’utilisation du CO2 est en train de naître. Il suffit de la laisser exister. Les apôtres de la décroissance et des changements radicaux de vie n’y sont guère favorables, il est plus facile de manifester contre le pétrole et le gaz ! Mais tous les travaux entrepris vont déboucher sur une société moins gaspilleuse et qui réduira les émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2. On ne peut pas continuer à jeter des anathèmes sur des produits à utilisation universelle et demander purement et simplement leur suppression. C’est ce qui est arrivé récemment avec le « plastic bashing » conduisant à vouloir éradiquer le plastique à usage unique qui a cependant été un des instruments majeurs pour diminuer dans le monde entier les infections et leur transmission.

Renoncer aux dogmes et aux lubies

On le voit, contrairement à ce que veut l’écologie politique, nous ne disposons pas de solutions qui permettent de résoudre tous les problèmes posés par la démographie galopante et ses conséquences sur l’utilisation des ressources de la planète, mais la recherche scientifique, les techniques et l’industrie évoluent quotidiennement pour améliorer, changer, recycler, trouver de meilleurs rendements, éviter les gaspillages… Vouloir généraliser l’utilisation d’outils imparfaits sans accepter les suivants est une illusion qui mène aux échecs des prévisions et des planifications. Quel avenir pour les carburants de synthèse, pour les biocarburants, pour la récupération, dans quels délais ? Nul ne le sait aujourd’hui, mais le monde entier dans les laboratoires cherche et expérimente et il arrive que des innovations structurantes déboulent dans la vie courante de façon rapide en s’éloignant des prévisions les plus optimistes. Pour les vaccins, l’ARN messager l’a démontré de façon spectaculaire.

L’écologie doit, si elle veut devenir efficace, renoncer à ses dogmes et à ses lubies. Il n’y a pas d’un côté des problèmes, et de l’autre des solutions qu’il suffit d’appliquer et donc de planifier avec de l’argent et des technocrates. Il y a une humanité aux caractéristiques diverses dans des univers non uniformes aux besoins variés et des techniques en pleine évolution qui ont chacune des points d’application d’excellence. En voulant privilégier par exemple les éoliennes et les panneaux solaires d’aujourd’hui, partout dans le monde, l’écologie politique et les politiciens se trompent car LA bonne solution n’existe pas, et l’obsolescence des instruments actuels est décuplée par les innovations imaginées dans tous les laboratoires.

On peut comprendre la volonté d’agir et de programmer, mais si l’on a comme ambition de préparer l’avenir, il faut accepter l’insuffisance permanente des solutions qui nous sont proposées et la nécessité de la flexibilité, de l’adaptabilité et de la remise en question. Quand on voit l’engouement pour la civilisation nouvelle de l’hydrogène devenu « vert » dans les gazettes mais pas forcément dans la réalité, on perçoit que si les politiciens ont compris que le monde va changer, ils n’ont pas encore bien saisi que ce sont les résultats des sciences et des techniques qui vont s’imposer et non l’idée qu’ils s’en font. Les dogmes de l’écologie politique viennent de montrer leurs limites avec les deux crises récentes, Covid et Ukraine ; c’est en misant sur les vrais résultats des recherches, sur les innovations, que l’on peut surmonter les crises à venir. Le non-conformisme est un inconfort, c’est cependant lui qui va nous permettre d’avancer.

8 commentaires sur “Les solutions que les écologistes de salon ne veulent surtout pas voir

  1. En desaccord total avec le ton condescendant de votre article. Nous n’avançons pas à cause de conservatismes comme le votre qui ne veulent rien abandonner d’un cote et de l’autre des ecolos de salon qui sont hors sol, comme vous dites. D’accord avec le moteur thermique a deux litres contre la voiture électrique. D’accord avec la sesquestration.

      1. Article fort intéressant. Effectivement il est toujours malvenu d’imposer des solutions alors même que les problèmes ne sont pas entièrement décrits et ne font pas consensus.
        Dire qu’il y a méconnaissance scientifique et méconnaissance industriel est un truisme hélas aux conséquences lourdes.
        Néanmoins si on peut penser que La science et Les techniques arrivent à bout des problèmes, il ne faut pas négliger le facteur temps. Donner en exemple le cas des vaccins à ARN messager contre le covid ne doit pas faire oublier que la recherche sur ce même type de vaccin a débuté depuis fort longtemps, en tout cas bien avant l’arrivée du covid.
        Dans le cas du dérèglement climatique on voit bien que le temps nous est compté. D’où peut être l’idée qu’imposer une voire des solutions permettrait d’aller plus vite .en espérant que la science et les techniciens s’accaparent du problème et proposent une ,ou des, solution idéales.
        Car on ne peut pas oublier que les intérêts des grands groupes industriels ne recoupent pas souvent les intérêts des habitants de la planète ( voir l’exemple de Bhopal entre autres).

    1. Mec, tu n’as absolument rien compris. Rien.
      Donc aboyer comme un collégien ne t’aidera en rien à appréhender la problématique. Donc, respire à fond, relis avec le doigt si ça t’aide, sans préjugé, te basant sur les faits et seulement les faits, et tu verras qu’il a raison.

  2. OK !
    Le problème est le manque de culture scientifique et technique de la mouvance écologiste, qui pose de bonnes questions, mais est incapable de proposer des solutions pertinentes. A sa décharge, l’inertie ( ou la mauvaise volonté) des milieux industriels et économiques ….

  3. Comparer deux compréhensions d’un monde fini n’est évidemment pas une démarche simple, car les fondamentaux ne sont pas les mêmes.
    Le savoir est toujours une construction et, qui plus est, une pré construction et une reconstruction. Tout ce que l’homme conçoit et rencontre est une reprise (ou du moins une variante) du savoir qu’il possède déjà, d’une signification et d’une évaluation auxquelles il a préalablement consenti, la culture dite scientifique n’est pas l’objet ici.
    Avec les écolos marqués par une culture qui pourrait se rattacher à la tradition libertaire ou à l’écologie radicale, le mouvement oscille entre réformisme (par exemple à travers la revendication d’une taxe Tobin proposée à la création d’Attac et activisme décroissant ou survivaliste voir collapsologue pour réduire la consommation, effectuer un retour en arrière qui s’inscrit dans l’idée que l’homme altère son environnement durablement et propage le concept d’urgence écologique, lié notamment au réchauffement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Les collapsologues estiment que l’effondrement de la civilisation industrielle pourrait provenir de la conjonction de différentes crises: crise environnementale, mais aussi crise énergétique, économique, géopolitique, démocratique, etc. Le survivalisme et la collapsologie se présente comme un exercice transdisciplinaire faisant intervenir l’écologie, l’économie, l’anthropologie, la sociologie, « l’écosophie », la psychologie, la biophysique, la biogéographie, l’agriculture, la démographie, la politique, la géopolitique, la « bio archéologie », l’histoire, la futurologie, la santé, le droit et l’art.
    Cette « écologie » plait de plus en plus auprès de nos jeunes, en manque de repère, dans un monde ou la consommation semble être la seule réalité et la réflexion un exercice ardu. Pour les paumés… la décroissance est l’avenir… C’est ce substrat négatif qui fait corps avec les crises de l’économie de marché.

  4. L’écologie comme l’environnement n’est et ne doit pas être pris en otages à des fins politiques. Lorsque l’on a compris cela, alors notre pays et l’Europe feront une avancée majeure dans la lutte pour préserver les biens faits de la Nature. Enfin,il faut absolument faire confiance aux principaux acteurs qui sont au contact quotidien de la nature,c’est-à-dire Agriculteurs Pêcheurs Chasseurs Élus ruraux pour ne citer que cela .

  5. Je me permets de pousser plus avant mon propos:
    L’aspiration permanente au « confort » trouve sa singularité dans la capacité à déléguer à la technologie toutes sortes de taches fatigantes, salissantes et contraignantes. Le « confort » n’est pas en soit un mal et qu’il est donc vain de le diaboliser.
    Il constitue l’un des besoins essentiels de l’humanité parce qu’il produit un relâchement corporel indissociable de la sensation de plaisir. Il suscite aussi des interrogations légitimes au regard des logiques consuméristes car sans beaucoup examen critique sur les conséquences sensorielles. Nous nous sommes habitués à l’idée que le progrès technique est une avancée positive. L’hypertechnologie nous incitent à considérer que le progrès technique à toujours été bénéfique à l’humanité.
    La soumission et l’exploitation de la nature sont le résultat d’une convergence d’intérêts entre les consommateurs et les producteurs, sous l’influence d’un système technologique, intégralement bâti sur le principe d’une croissance exponentielle et encouragé par tout un monde d’humains lui aussi exponentiel!

    L’une des conséquence du confort est la méconnaissance (ou le menfoutisme) globale des dynamiques de la nature et de sa dévastation actuelle. « L’homo-confort  » dépend d’un système techno- économique complexe dont la viabilité est d’ores et déjà problématique: De quels savoirs disposerons-nous si ce système vient un jour à s’effondrer… et si nos outils, désormais en majorité numériques, cessent de fonctionner? ( par l’action humaine ou la défaillance en cascade du système…)
    C’est la problématique de l’enchainement des processus liés aux expériences communes et répétitives auxquelles ont prête peu d’attention au quotidien comme la « technologisation » (quel barbarisme!) de l’existence, l’invasion d’objets utiles et pratiques, la multiplication de micro-millieux hautement contrôlable… Ce sont ces réflexions, travaillées par nos « écologistes de salon » qui méritent malgré tout une certaine écoute, l’introspection est parfois utile…

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